Le Cabinet des Larmes : le texte

Par webmaster

 

L’histoire

Nous sommes dans le prochain monde. Le tout sécuritaire est instauré, les consciences sont verrouillées par la dictature marchande. A l’abri de ce monde vit Lindi, un homme d’une quarantaine d’année. Il est l’un des rares poètes encore existants, un adepte de la métrique et du silence. Lindi vit seul, reclus dans une grande pièce qui lui sert avant tout de cabinet d’écriture et de lieu de vie. Il traverse ses jours sur des flots et des flots de vers.

Lindi fabrique sa poésie méthodiquement. Il écrit trois poèmes par jour en suivant le mouvement du soleil. Avant de les achever par l’écriture, il les construit oralement et qu’ils soient haïkus, alexandrins ou sonnets, chaque vers déploie une sensualité d’une grande force érotique.

Dans ses instants de repos, Lindi aime écouter quelques vieilles chansons d’amour parfois troublées par l’environnement extérieur, ou par la voix robotique de la domotique de son réfrigérateur qui, régulièrement, fait un état des lieux des denrées qu’il contient.

La nuit, pendant son sommeil, Lindi reçoit des visites nocturnes. Des vieux hommes et des vieilles femmes, toujours les mêmes, viennent lui parler calmement de la vie, de leurs corps fatigués, de leur sexualité, des jours qui s’achèvent goutte à goutte, de la mort  qui approche…

Ainsi s’écoule la vie de Lindi. Ainsi survit l’un des derniers îlots de résistance poétique.

Un jour, en rentrant d’une sortie extérieure exceptionnelle, Lindi découvre un étranger chez lui. C’est un Contrôleur. Pendant son absence, le Contrôleur a contrôlé le degré subversif de ses écrits. Les jugeant amoraux, dangereux pour l’équilibre intellectuel du lecteur, vides et sans aucun intérêt commercial, il décide de tout confisquer et de tout placer provisoirement sous scellé en attendant et espérant une nette amélioration dans les prochaines productions d’ici peu. Malgré cette visite incidentelle, Lindi se remet à travailler son écriture.

Les jours passent. Le Contrôleur revient une deuxième fois. La procédure est identique. Puis une troisième. Il constate que rien ne change. Les écrits de Lindi sont toujours aussi dangereux et subversifs. A la quatrième, le Contrôleur a obtenu l’autorisation extraordinaire de s’installer chez Lindi pour une durée indéterminée afin de mieux contrôler l’activité du poète.

La cohabitation est insupportable. Le Contrôleur a bouleversé tout le mode de vie de Lindi en installant notamment dans le cabinet une image télévisuelle permanente. Dès que Lindi tente une écriture, le Contrôleur le camisole intellectuellement. Le chant du poète s’appauvrit et la nuit, les vieux et les vieilles agonisent et meurent.

Un matin, on frappe à la porte. C’est Gatta, la femme de Lindi. Elle réapparaît après des années d’absence, valise à la main. Elle veut revenir. Retrouver l’homme qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Elle vient de s’enfuir de l’hôpital où depuis trois ans elle était internée, enfermée, séquestrée, victime du Grand Plan de Moralisation pour avoir tourner en tant qu’actrice dans quelques films à caractère pornographique. Lindi accepte son retour mais le passé de Gatta réveille et stimule chez le Contrôleur de vieilles pulsions enfouies par la fonction de censeur intègre qu’il exerce au quotidien ; le désir le submerge…

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